Les « incroyables éteigneurs » de feu

J’ai toujours entendu mes grands-parents parler de leur voisine qui éteint le feu. Enfant, je l’imaginais pompier. Pourquoi pas ? Il faut dire que les adultes baissaient toujours la voix en s’apercevant que j’étais là lorsqu’ils en parlaient. Alors pour moi, elle était pompier. Il a fallu que je grandisse pour que je comprenne enfin que cela n’était pas le cas. La voisine éteignait littéralement le feu avec les mains. Lorsque quelqu’un se brûlait, elle imposait ses mains et pouf ! La douleur disparaissait comme par enchantement. Pour moi c’était du blabla. Et il y a eu ce week-end.

Mes grands-parents avaient vieilli, leurs mains étaient bien moins assurées. Ma grand-mère a voulu me faire une tisane. Elle a préparé ses herbes et fait chauffé de l’eau. Nous discutions et elle a oublié sa casserole sur le feu. Au bout de quelques minutes, l’eau bouillait fortement. Le bruit a fait réagir ma grand-mère qui a aussitôt sorti la casserole de dessus le feu ; malheureusement elle n’a pas vu le chien. Elle s’est entravée et toute l’eau bouillante a atterri sur mes genoux. La brûlure était insupportable. Je me suis mis à hurler. Les chairs cuisaient ! Mon grand-père a appelé la fameuse voisine qui est aussitôt arrivée.

En quelques secondes, et quelques passes au-dessus de mes cuisses, la douleur a commencé à diminuer et au bout de plusieurs minutes une sensation de fraîcheur avait remplacé la brûlure.

C’est là que j’ai compris que la voisine n’était pas un pompier ! Elle était bien mieux que çà !

Georges – Lautrec